Cyclo Club Gangeois


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Villefort

Velo découverte > 2016

VELO DECOUVERTE 4
Altier-Borne-Chassezac.
(85km et 1570 de dénivellé).

Mercredi 13 juillet 2016.


Carlos devait être des nôtres pour cette escapade lointaine mais une malencontreuse chute alors qu’il débroussaillait à vélo (comme dirait Alain «ça ne s’invente pas»), nous a privés de sa compagnie. Lui, le spécialiste de la bordure s’est planté sur le bas-côté de la route, se fracturant quatre côtes, un comble pour un coureur des plaines. Il paraît que l’homme, contrairement à la femme, n’est pas câblé pour faire deux choses à la fois, ce n’est pas moi qui le dis, ce sont certains chercheurs, mais j’aurais tendance à penser que ce stéréotype se confirme dans le cas présent.
Trêve de plaisanterie, nous lui souhaitons un prompt rétablissement et l’attendons pour une prochaine édition.
Mario, empêché, n’est pas venu et Claude a préféré s’abstenir pour raison de méforme, mais nous sommes tout de même sept au rendez-vous avec en ordre alphabétiqueCelse, GG, Jean-Luc, Jean-Philippe, Joseph, Yves et moi, je suis contentUne paire d’heures est nécessaire pour arriver à notre point de départ, via Saint-Hippolyte, Alès et Génolhac et deux arrêts car Jos est doté d’un cœur mieux adapté aux virages pentus de la Luzette, qu’à ceux, pourtant plus doux, de la D906.




À 9h30 la température n’est que de 14° et le ressenti très inférieur car le vent est assez violent. Nous avons enfilé jambières, manches, k-way ou blousons, sauf Yves, notre robuste Cévenol, habitué à la rudesse du climat de ce pays, puis nous quittons la place où nous avons garé nos véhicules.
À la sortie de la ville, nous attaquons par un sérieux mais court raidillon qui nous amène sur les rives du lac de Villefort enserré dans un écrin de verdure. Le paysage surprend agréablement ceux qui ne sont jamais venus dans le coin et ne laisse pas indifférent les autres.
Nous nous arrêtons sur le haut parapet qui domine le cours inférieur de l’Altier dévalant dans de profondes gorges jusqu’à sa confluence à Pied-de-Borne, une dizaine de kilomètres plus bas pour un coup d’œil et une photo. Je vais encore me faire incendier par GG car nous commençons cette balade par une longue montée de 5 km peu pentue, cependant.
Nous nous arrêtons sur le belvédère qui domine les eaux argentées du lac, les collines alentour, les contreforts des Monts Lozère, les montagnes hachées du Vivarais cévenol et la profonde entaille de la rivière, le panorama est de toute beauté. Nous faisons une nouvelle pause pour visiter la cité médiévale de la Garde-Guérin, sentinelle sur le rebord du plateau et péage sur la fameuse voie Régordane qui reliait l’Auvergne au Languedoc, surmontée par sa haute tour de guet. Elle est classée parmi les plus beaux villages de France et mérite cette reconnaissance de par la qualité de sa restauration et la majesté de son environnement au-dessus du Chassezac, appelé, ici, l’Antre du Diable.
Nous reprenons notre chemin après avoir flâné dans les rues pavées et dépassons le superbe point de vue du canyon sans un regard car le parking est bondé et il est nécessaire de marcher dans les rochers une dizaine de minutes, exercice périlleux pour ceux chaussés de pompes à bascule. De cet endroit, l’ancienne D906 réservée sur 7 km aux randonneurs, cavaliers et cyclistes se faufile suivant une même courbe de niveau à proximité du précipice ou dans la forêt jusqu’à la retenue de Rachas où elle enjambe la ligne de chemin de fer dite des Cévennes qui, elle aussi, conduisait les voyageurs du centre de la France à la Méditerranée.
Au croisement, nous retrouvons la départementale puis les premières maisons de Prévenchères. La campagne composée de cultures, de prés où paissent des vaches, de landes fleuries et de quelques bouquets d’arbres est paisible, mais très vallonnée et ça se sent dans les mollets. Après le lieu-dit «La Molette», nous l’abandonnons à nouveau pour emprunter à droite une très vieille piste, oubliée de tout le monde: 4 ou 5 km dans un sous-bois ombragé où parfois, il faut baisser la tête pour passer sous les branches, se contorsionner pour éviter les nids-de-poule, les pierres, les flaques d’eau.
En pareil endroit, on ne serait pas étonné de croiser des créatures étranges, un peloton de dragons ou des camisards. Personne ne râle, c’est étonnant. Nous débouchons une nouvelle fois sur la grande route et en quelques coups de pédale entrons sur le carrefour du Pradillou à 1053 m d’altitude, il ne fait pas chaud du tout et le ciel est menaçant.







J’avais noté que le Cévenol était doté d’une horloge biologique dans l’estomac, à 11h59 toujours en pleine activité, il ne pense plus qu’à son déjeuner mais à 1h01 2il s’inquiète sérieusement de ne pas être assis devant son casse-croûte, cela semble être le cas, ce midi.
La Bastide-Puylaurent n’est qu’à 700 ou 800 mètres et Saint-Laurent-les-Bains à 8 km au plus court, le double par l’itinéraire initialement prévu, nous optons pour le raccourci de cette dernière car les restaurants du premier ne sont pas très bien notés dans les guides. La D4 qui démarre en Ardèche monte doucement à 1103 m à hauteur de l’abbaye de Notre-Dame-des-Neiges, étape sur le sentier de Stevenson où Yves randonna dans le passé puis à 1139 m avant de nous offrir une magnifique descente à flanc de montagne jusqu’à la station thermale, nichée au fond d’une vallée encaissée et rocheuse. Le paysage, très tourmenté est dominé au Nord par le sommet des Trois Seigneurs (1391 m) qui cachent le village de Saint-Étienne de-Lugdarès, célèbre pour sa bête du Gévaudan et Henri Charrière, alias Papillon.




Nous nous laissons glisser dans ce magnifique décor et pénétrons dans la bourgade vers 12h25 avec un temps mitigé mais une température clémente, en quête d’un estaminet. Il en existe deux pour satisfaire les nombreux curistes venus soigner de vieux rhumatismes, le Chat Bleu sur les hauteurs et la Vallée dans la rue principale près des thermes. Nous choisissons le second pour raison de commodités mais la salle est bien remplie, nous nous installons sur la terrasse ensoleillée. Les premières gouttes tombent alors que nous ne sommes pas encore tous assis, nous nous réfugions à l’intérieur et nous nous serrons au fond, près des toilettes. La serveuse est jeune, agréable et aux petits soins pour nous, la relative jeunesse de certains d’entre nous, la change des souffreteux qu’elle côtoie habituellement. Les plats sont copieux et corrects, idem pour les desserts. Ces coupures à mi-journée sont des moments conviviaux permettant de mieux se connaître et de se détendre.
Aujourd’hui, c’est un festival du rire animé par deux joyeux lurons, Jean-Philippe et GG. Les histoires se succèdent, tantôt subtiles, tantôt marantes, parfois salaces et quelquefois de mauvais goût, tout le monde semble unanime pour reconnaître que celle du Belge qui va voir son médecin parce qu’il a mal partout………. est la meilleure, bien entendu, aucun rapport avec notre ami Carlos, ce n’est pas le doigt qu’il s’est cassé mais les côtes!


Le vent omniprésent depuis ce matin a chassé les nuages mais reste frais lorsque nous enfourchons nos bicyclettes et continuons notre folle plongée vers le lit escarpé de la Borne.
Gérard est parti en tête en marmonnant à mon encontre quelques gentillesses «Je déteste les descentes» - «Je te hais». Il est vrai que cette longue dégringolade est annonciatrice d’une non moins longue montée comprenant plusieurs portions dépassant 10%, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux pour la digestion.
Le col de Chap del Bosc culmine à 1162 mètres pour environ 10 kilomètres nous amenant sur le Massif de Pratauberat, immense croupe imperceptiblement inclinée vers le Sud et l’Est, couverte de landes et de prairies avec une vue fantastique sur le Mont Ventoux, les Alpes provençales, peut-être la Chaîne des AlpillesTout
le monde paraît enchanté devant un tel site d’autant plus que l’asphalte est impeccable et le pourcentage majoritairement négatif. Personne n’est tenté par la bifurcation signalant Montselgues, variante à cette balade, où il faut franchir le profond ravin en contrebas avant d’escalader une imposante crête pour retrouver sur l’autre versant, le Chassezac.
Nous continuons donc sur notre lancée jusqu’au lieu-dit Clapeyron, indiquant à droite Thines. Je suis passé là fin 2014 après les fortes pluies et la piste, mal goudronnée avait été emportée par le déluge sur plusieurs kilomètres, à l’image de Saint-Laurent-le-Minier et je craignais aujourd’hui de la trouver impraticable et d’être obligé de rejoindre Les Vans, soit 15 à 20 km supplémentaires. Il n’en est rien car elle a été réparée, gravillonnée et élargie mais reste très pentue, impressionnante dans certaines épingles, voire dangereuse, les 10% inscrits à l’intersection me semblent loin de la vérité.






Nous nous y engageons avec prudence et curiosité car le paysage est fantastique jusqu’au pied du village, perché sur une éminence à l’écart de la circulation. La route s’enfonce ensuite entre les versants abrupts des montagnes sur 8 km formant les gorges de la rivière Thines, nous faisons plusieurs arrêts pour admirer son cours sauvage, ses vasques profondes, ses marmites, ses cascades, ses falaises et ses éperons granitiques. Cet ensemble paysager ressemble beaucoup à «nos» Cévennes, ce que conteste Yves car il n’y voit pas ses chers châtaigniers, comme pour le contrarier, nous pénétrons, plus bas, dans une zone où cet arbre domine le couvert végétal.


Après cette magnifique portion, nous atterrissons sur la D113 à hauteur d’un barrage EDF sur le Chassezac, principal affluent de l’Ardèche, elle longe, en légère pente, le cours tumultueux de la rivière au fond d’une profonde et large vallée pendant 9 km jusqu’au village de Sainte-Marguerite-Lafigère, autrefois pays minier, aujourd’hui tournée vers le tourisme grâce à sa belle retenue d’eau.
Nous franchissons la Borne, puis le Chassezac avant d’entrer dans le village de Pied-de-Borne et en Lozère. Un ultime tronçon de 9 km nous sépare de notre terminus, il monte régulièrement dans le fond des gorges que nous contemplions ce matin du haut du barrage.

Un peu avant 17h00 nous sommes de retour, les Gardois foncent vers d’autres aventures, tandis que les Héraultais vont trinquer à cette belle et tranquille équipée sauvage.




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