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CYCLO CLUB GANGEOIS
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Hendaye

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EQUIPEE EN PAYS BASQUE.
(Du samedi 9 au dimanche 16 avril 2017).


Le ton est donné dès le rendez-vous, samedi 9 avril de bon matin : ce séjour aux confins sud-ouest de la France sera sous le signe de l’efficacité et de la performance. Ça commence par le chargement ordonné des bagages et des vélos dans des housses flambant neuves sous le contrôle avisé de Bruno, puis le départ en convoi dans le sillage de son camion rouge, Claude collant aux basques de notre cicérone cazilhacois.
Premier arrêt à Saint-Bauzille où nous attendent Huguette et un type bizarrement accoutré, d’un short clair, d’une veste foncée, d’un large béret noir et d’un impressionnant bâton de berger, manquent que les espadrilles de Mauléon ; en y regardant de plus près, chacun aura reconnu, sous cette galette aplatie et saugrenue, l’ordonnateur des rudes escapades pédestres de nos sorties club.
On file, plein gaz, vers le grand large dans la grisaille, on se regroupe, sous le ciel bleu revenu, pour un café vers Toulouse, on pique-nique sur l’aire de Comminges avec la chaîne enneigée des Pyrénées en toile de fond et un soleil chaud, on s’éparpille après la sortie de l’A63 puis on se retrouve, vers 16 h 00, sur le parking fourmillant de monde d’Azuréva à Hendaye avec un temps dégagé mais une température à peine printanière. Ce joli village de vacances construit dans un cadre de verdure et de fleurs sera notre home pendant la semaine.
Les maisons blanches, rehaussées de colombages rouges, verts et marrons, étagées sur les collines dominant l’océan, sont coquettes et confortables, portant, chacune, le nom d’une ville ou d’un site local. Patrick, notre Vénéré Président, s’acquitte aisément des formalités ingrates d’accueil, répondant avec calme aux questions pressantes des plus anxieux, désignant à chacun sa chambre, mais se réservant, comme il se doit, la plus belle, la plus spacieuse et la mieux située face à la baie de Fontarabie !
Nous nous installons dans nos appartements et vaquons à nos occupations en attendant la réunion d’information, fixée à 17 h 45, relative au programme du séjour, suivie pour tous les pensionnaires, d’une présentation, du centre et de ses activités par le personnel d’encadrement et son directeur au teint cuivré, avenant mais légèrement « m’as-tu vu », à l’image du personnage de Rémi François, incarné par Christian Clavier dans « l’Enquête Corse ». Après l’apéritif, nous nous mettons à table dans le carré VIP du restaurant, réservé pour notre groupe où nous pouvons nous servir à notre guise dans un large choix de bonne qualité, plusieurs d’entre nous, dont nous tairons les noms, se laissent aller sur les plateaux de hors-d’œuvre, d’autres sur les plats de résistance ou le fromage mais c’est au dessert que circulent les assiettes les plus garnies : le cycliste, de sexe féminin ou masculin, serait-il gourmand ?
Un film promotionnel basque, un match de football, un café ou un verre dégustation d’Izarra terminent une journée bien remplie.

Lundi 10 avril : ce jour marque le début de notre longue odyssée en « Euskal Herria » et nous prenons des forces pour affronter les redoutables pentes du pays autour d’un copieux petit-déjeuner. Il faut en profiter car le panier-repas est plutôt médiocre, ce qui pousse, bon nombre d’entre nous à barboter un petit supplément dans le self, mais prenez garde à l’œuf surprise : dur ou cru !
En ce matin brumeux, les pédaleurs au complet, Nicole, Brigitte, Christelle, les deux Claude, Bernard, Jean-Luc, Laurent, Bruno, Guy, Celse et Jacky sous la houlette de leur Intrépide Président, sont partis avec un peu de flottement de l’autre côté de la frontière dans la grande banlieue de Donostia-San Sébastian, capitale de la province de Guipuscoa, cornaqués par Gérard au volant d’une titine cabossée, faisant office d’ambulance, de ravitaillement, de voiture-balai mais aussi de poisson pilote, beaucoup pour un seul homme !

Avec 125 km et 2 000 mètres de dénivelée, ce premier round s’annonce redoutable pour les moins aguerris, c’est-à-dire une bonne moitié d’entre nous, aussi, le RAV4 est-il une assurance au cas où il faudrait tirer sa révérence ! Peu rompus à la signalisation ibérique, au demeurant ambiguë, et à l’orthographe sibylline de la langue basque, un certain tâtonnement s’insinue parmi nous et nous galérons à trouver la GI 3 410 qui doit nous acheminer au sud de la ville d’Hernani et des tristes zones industrielles qui l’entourent. À peine mis sur les rails par notre Déluré Président, Bruno prend les commandes du groupe. Avec sa position aérodynamique, sa tête baissée, son dos arrondi et sa vélocité énergique, il nous emmène à vive allure le long du Rio Urumea roulant des eaux claires dans un dédale de roches et de cascades. Le premier col est attaqué au pas de charge, disloquant la cohésion de l’équipe qui s’égrène dans les amples boucles menant à Goizueta. La crevaison de Celse arrive à point nommé permettant à Bernard et à Jacky, escortant leur Malmené Président, de souffler un peu, Nicole, Claude R et Guy, à leur rythme tranquille, continuent stoïques vers le sommet.

Cet arrêt sur ennui mécanique aura évité à nos quatre larrons un détour vers le nid d’aigle d’Arano, où ce vieux briscard de Gérard a expédié échappés et retardataires, il semble s’être empêtré dans la description du circuit, les indications des cartes et celles du réseau routier en basque, en français et en espagnol. Penché sur sa feuille de route, qu’il retourne dans tous les sens, notre directeur sportif ne décolère pas. Sur ce supplément hors programme, d’aucuns prétendent avoir lu sur leur GPS des chiffres à faire frémir, le pire est qu’ils ont entraîné nos deux Saint-Jeannais dans cette galère : il n’y a plus de respect pour les aînés !
Même aux confins de l’hexagone, midi est, chez les Cévenols, et maintenant chez nombre de résidants, le signal de l’impérieuse pause casse-croûte. Nous nous arrêtons dans le sous-bois vers le carrefour d’Ezkurra, face à un hôtel borgne où Celse affirme avoir aperçu des rideaux frissonner et apparaître des visages aguichants : légèrement malicieux l’ami Serre ??? Nous récupérons nos musettes dans le coffre de la Toyata et allons nous installer au pied des grands pins. Sitôt avalée la dernière bouchée, nous enfourchons nos vélos et nous nous laissons glisser sur le macadam impeccable menant à Leitza, sauf Brigitte, qui a préféré raccrocher car l’autonomie de son Vae est dans le rouge.

Gérard aura quelqu’un sur qui s’épandre mais aussi pour le piloter, elle est orfèvre en la matière pour avoir assisté Bernard sur des centaines de cols de France, de Navarre et d’ailleurs. Après une hésitation près de l’autoroute où nous entraînait notre Malavisé Président, nous attaquons une montée fort pentue s’insinuant dans une splendide vallée verdoyante puis une enivrante dégringolade, ensuite un second col, raide lui aussi avant une descente sinueuse où Bruno a enclenché le Turbo, seul Jacky avec énergie et puissance puis Laurent avec plus d’aisance ont réussi à sauter dans sa roue. Nous nous regroupons en ville sur les bords de la rivière et ça repart de plus belle : pour quelqu’un à court de préparation, il a du punch le gars Barral, m’est avis qu’il s’entraîne en cachette le soir dans les rues pentues de Cazilhac ! Le peloton a retrouvé son calme aux abords d’Hernani où nous nous trompons dans les rues piétonnes, sur le pont de la Zikunaga et enfin, dans la cour d’une usine avant de nous engager dans un étonnant tunnel haut de 1m30 que nous franchissons couchés sur nos montures, tels des Apaches en guérilla mais le pauvre Gérard, interloqué et impuissant devant cet obstacle déconcertant, doit rebrousser chemin. Merci au dernier des Laroquois de ne pas avoir scalpé la voiture. Nous retrouverons, non sans difficulté, nos véhicules, un Gégé grognon, ceux qui se sont égarés et enfin le chemin du retour.

Sous la conduite de Marine, gentille organisatrice d’Azuréva, l’équipe des promeneuses composées de Nicole, Noëlle, Simone et Yolande est allée se balader sur la corniche du bord de mer, dans le Domaine d’Abbadia, mais pas à l’intérieur du château qui contient de très belles collections ramenées par son propriétaire de ses lointaines expéditions en Afrique de l’Est. Antoine d’Abbadie d’Arrast, tel est son nom, vécu 12 ans en Éthiopie alors appelée Abyssinie, il fut l’un des plus grands découvreurs de ce pays, voilà qui aurait intéressé Jacky, amoureux de ces contrées mythiques. Elles sont ensuite descendues dans le centre d’Hendaye pour tenter leur chance dans le vieux casino de style mauresque puis dépenser leurs gains dans les boutiques tentantes de la vieille ville, Noëlle se montrant la plus prodigue !

Nadia, Caroline, Huguette, Marie-France, Suzy, Alain, Francis, Daniel et Jean sont les membres du groupe randonnée. Sous la conduite de Jacques, âme et reporter-photographe de ce bel aréopage, ils sont partis du côté de Biriatou pour accéder à la crête du Mont Kalbarioa, un nom prédestiné pour une première sortie : 18 km avec 802 mètres de grimpette. Cette belle mise en jambe pour une reprise est à l’image du vélo : « on entre dans le vif du sujet sans préambule ni ménagement ». Jacques de Putois, serait-il issu de la même école que notre Insoucieux Président ? À voir le visage rubescent et les yeux fatigués de Nadia, on peut aisément imaginer que la Montagne du Calvaire, car tel est son nom français, a laissé des séquelles dans les rangs. À noter, pour le côté culturel, l’intervention éclairée et érudite de Jean du Béarn, régional de l’étape.

Spectacle de grande qualité pour cette seconde soirée à thème, consacrée « Aux Années Cabaret », tout le monde est sous le charme des six actrices et acteurs où se succèdent chansons, mimes, sketchs, poèmes, danses, ballets etc.

Mardi 11 avril : notre team est orphelin, aujourd’hui, car Gérard, contrarié par ses mésaventures de la veille, a déclaré forfait, préférant bichonner le joyeux Quatuor ; heureusement, Brigitte de Mazamet et Claude de la Buèges se sont portés volontaires pour les secours en montagne. Nous quittons notre base à 9 h 00 et prenons la direction de Behodie puis du joli village de Biriatou où nous avons des soucis pour dénicher la N121 qui traverse la frontière à Endarlatsa et suit la vallée de la Bidasoa jusqu’à Bera.
Là, après hésitation, nous bifurquons à gauche pour attaquer le modeste col de Lizuniaga, première difficulté de la journée, long de 6 km et d’un pourcentage moyen de 7 %, avec le pittoresque profil de La Rhune sur la gauche ; il tire un peu dans les jambes et comme c’est l’usage, les premiers attendent les derniers, Bruno veillant scrupuleusement à cela. La route redescend vers Sare, puis longe la rivière éponyme avant d’entamer sur un goudron impeccable le col de Lizarietta d’une dizaine de km et culminant seulement à 441 m, ce dernier délimitant la frontière franco-espagnole. La culbute sur Etxalar est magnifique avec de larges boucles judicieusement relevées, les descendeurs s’en donnent à cœur joie jusqu’au point de ravitaillement où nous attendent nos deux soigneurs.
Après quelques kilomètres nous entrons dans la ville de Lesaka sur la NA4000, et là, le groupe s’éparpille sur le tracé sinueux qui monte pendant neuf à dix km avant de redescendre sur le lac d’Endara, niché au fond d’une belle vallée, qu’il faut, bien entendu, franchir par une nouvelle ascension qui s’achève par le tunnel d’Aritxulegi marquant la limite entre la Navarre et le Pays Basque Espagnol à 480 m d’altitude avec de nombreux tronçons à 10-12 %. Claude, Christelle, Jean-Luc, Laurent, Bernard et Bruno se ravitaillent à la voiture alors que rappliquent un Jacky grimaçant, puis notre Exténué Président, puis un Celse qui a perdu son sourire éternel, enfin, Nicole et son ange gardien Guy, on ne sait pas, d’ailleurs, qui veille sur l’autre !


Nous roulons groupés, une fois n’est pas coutume, jusqu’à Elizalde et la grande banlieue de San-Sébastien, traversons la rivière et longeons le port de Lexo. La GI 3 440, que nous avons du mal à trouver, nous dirige au pied de la montagne et de sa magnifique couverture forestière, mais soudain, elle se cabre, présentant des pourcentages impressionnants. Claudius, comme pour nous narguer, enclenche la surmultipliée et s’envole, tête baissée, dès les premiers lacets, laissant sur place grimpeurs et flâneurs, plus rien d’autre n’existe pour lui que le ruban de goudron dégagé qui défile devant sa roue. Après plusieurs raidillons, la pente s’assagit, indiquant tout de même 7 à 8 % sur les derniers kilomètres nous conduisant à un col où est stationnée l’ambulance, vers laquelle, nous nous regroupons. Il ne reste que la descente de l’Alto del Jaizkibel et la traversée de l’agglomération pour rentrer au bercail, Nicole préfère lever le pied. Après avoir avalé un fortifiant et bu un coup, nous repartons. Qu’elle n’est pas notre surprise de constater après un faux plat descendant, que la route reprend de l’altitude et que le véritable sommet est 2 ou 3 km plus haut au bout d’interminables courbes à flanc de coteau.
Un vol de vautours moines ou fauves et une aire de nourrissage très fréquentée, en contrebas de la chaussée, arrivent à point nommé pour un peu de répit ; Jacky qui a repéré la scène, le premier, invitant son Respecté Président, dos rond et nez dans le guidon et enfin Celse, déhanché sur sa machine, à profiter de ce spectacle de haute volée. Nous observons ses formidables planeurs et redoutables nécrophages un moment, imaginant que ceux qui sont dans le ciel, n’attendent qu’une chose, l’agonie de l’un d’entre nous et nous avons une pensée attristée pour notre pauvre Guy pédalant cahin-caha à l’orée de la forêt, loin derrière nous. Nous rallions nos copains sous le panneau du col, aucun d’entre eux n’a vu les grands oiseaux, c’est tout juste s’ils ont jeté un œil sur la magnifique côte et la Punta Turulla, 455 mètres plus bas !

Après la photo de famille incluant Guitou qui a échappé aux serres acérées et aux becs puissants des charognards, nous entamons la longue descente sur Hondarribia et Irun sous la conduite d’un cycliste local puis la remontée raide sur Hendaye où nous arrivons à 17 h 25 après 119 km et 2 340 m de dénivelé, légèrement plus que l’objectif planifié.


Le soir au coin du bar, des âmes charitables racontent que Gérard, pendant cette journée promenade, s’est un peu emmêlé les pinceaux du côté de Béhodia, Irun, San-Sébastien et Bera pour enfin atterrir au col d’Ibardin, là, où ses passagères souhaitaient se rendre à tout prix, celles-ci ignorant à quel point la langue basque, cause de cet égarement, est rébarbative et incompréhensible. De plus, avec quatre capitaines de route, ça peut se comprendre ! Elles accèdent donc avec leur chauffeur à une vaste plateforme au sommet d’une montagne, dans un cadre ravissant et à la frontière hispano-française, un genre d’attrape-touristes, ou d’hypermarché du temple où l’on peut acheter tout ce que l’on désire dans le domaine de l’inutile ou du superflu, surtout lorsque l’on n’a plus rien à se mettre : mission accomplie !

Qu’ont fait marcheuses et marcheurs ? Vous le saurez en lisant les chroniques avisées de Maître Jacques, illustrées des photos idoines sur le site du CC Ganges.

Ce soir, notre Généreux Président nous invite à l’apéritif dans les salons privés du centre. Il a, pour cela, revêtu un costume folklorique et s’est équipé d’un chistera, ustensile peu pratique pour servir la sangria, le punch ou le pastis. Il a fière allure mais nous sentons la Première Dame plus
goguenarde que flattée de voir son époux ainsi affublé !


Après le dîner, on remet ça au bar pour plusieurs tournées ou étoiles, autrement dit 5 Izarra, liqueur verte à l’alchimie étonnante, voire enivrante, dont la traduction du basque veut dire justement étoile !

Mercredi 12 avril : après 48 heures d’efforts acharnés, cette journée de détente est la bienvenue surtout pour ceux qui se réveillent avec un mal aux cheveux, du moins, ceux qui en ont encore !
De pédaleurs de charme, marcheurs de l’impossible et magasineuses incorrigibles, nous voici tous devenus Tamalous, confinés dans un confortable autobus climatisé, sanglés sur des sièges moelleux pour une excursion des plus traditionnelles, sous les bons offices de Frantses, truculent personnage à la verve sans pareille.
Cette virée culturelle a pour but de nous donner un aperçu de cette région déconcertante, à la langue incompréhensible et même illisible pour nous, Latins. Nous débutons par les montagnes de Jaizkibel où nous avons tant peiné, hier, pour reluquer, de la fenêtre, Notre-Dame de-la-Guadalupe, les ruines du Fort de San Telmo et admirer, pour ceux qui ne l’auraient pas vu, la magnifique extrémité ouest des Pyrénées enveloppées de brume, les vautours sont très haut dans le ciel et le charnier est désert. S’enchaînent ensuite à Hondarribia, l’église Notre-Dame de l’Ascension, la Maison de Charles Quint, les vieilles demeures en pierre, le port sur la Bidasoa, le quartier des bars à Tapas près de la pêcherie, la rue des Pèlerins et les 12 coups de midi, qui n’indiquent pas ici, n’en déplaisent aux Languedociens, l’heure du déjeuner mais tout juste celle du pré-apéritif !
Après le casse-croûte et un long discours du maître de cérémonie, nous embarquons en bon ordre pour Gétaria, via l’autoroute pour une brève visite dans l’église San Salvador, construite en pente, les maisons-tours caractéristiques de la Province, la Marina et ses restaurants de poissons qui font saliver notre Gastrolâtre Président et quelques autres, puis le Rocher Saint-Antoine au nom plus poétique d’Ile Souris où nichent, non des rongeurs, mais des colonies de mouettes et enfin les quais où sont amarrés les bateaux dans des eaux étonnamment claires, peuplées de myriades de petits poissons et d’un bon nombre de gros spécimens, sans doute peu comestibles car dédaignés des pêcheurs à la ligne.
Pour clore cette initiation, nous ne pouvions manquer Donostia, la capitale provinciale pour un aperçu, mais la cité mérite davantage. La visite guidée débute par les water-closets de style néo-propice où tout le monde s’engouffre à la queue leu leu, puis la Casa Consistorial ou mairie, la Conchia ou plage avec l’île des Pestiférés, l’église Sainte-Marie du Chœur face à la Plaza Konstituzio où toutes les fenêtres sont numérotées. Celse et Guy pensent qu’il s’agit d’un immense lupanar où, pour 50 €, tu tires au sort ta chambrette avant de monter et après………surprise ! Toute excursion incluant un temps libre, chacun part à l’aventure dans les rues de la ville ou sur les terrasses des cafés. Peu après 18 h 00, nous reprenons la route et Francis son monologue, il est vraiment intarissable, le bougre ! Beaucoup d’entre nous ont fermé les écoutilles depuis longtemps, somnolant sur leur fauteuil, surtout au fond !
Ce soir, le jambon de Bayonne est au menu, clin d’œil pour la foire consacrée à la cuisse de cochon salée, massée et séchée pour affinage qui a lieu ce week-end à Baiona. La pause au bar est plus sage : un café + une étoile pour les habitués et une tisane à la camomille pour Celse, lui que l’on croyait addict au petit noir, il ne nous y reprendra plus !

Jeudi 13 avril : vers 7 h 30, le ciel est bleu mais un épais brouillard barre l’horizon sur l’océan et le thermomètre n’indique que 12°. Guy a capitulé, il a préféré affronter les à-pics de la Rhune avec les randonneurs, pas sûr que cela soit plus reposant ??? Nicole, par contre répond présent, bravo pour ses étonnantes performances qui surprennent tout le monde. Gérard, quant à lui, est venu grossir l’équipe de service, une journée de chaperon lui suffisant!
Pour une reprise, notre Éclairé Président a préparé un parcours sage de 110 km et seulement 1 300 mètres de dénivellation, ce dernier chiffre pouvant cacher des surprises parce que ce qui compte en priorité c’est le pourcentage et, ici, ils frôlent parfois la verticale !
Nous partons en file indienne par la piste cyclable et la D 912 sur la corniche qui découvre un attrayant paysage, malheureusement la circulation est dense et nous n’en profitons guère.
Après Ciboure et Saint-Jean-de-Luz, le trafic est davantage chargé et nous sommes contents de nous écarter du bord de mer à l’entrée de Biarritz. Nous tournons sur la D 254 vers Bassussarry puis Arcangues où nous enquillons sur la D 3 dans une campagne luxuriante et vallonnée puis sur la D 350. À Ustaritz, des travaux de voirie nous interdisent de suivre notre itinéraire et nous devons improviser pour rejoindre le joli village de Jatxou avant d’atteindre la station thermale de Cambo-les-Bains spécialisée dans le traitement des rhumatismes et des maladies des voies respiratoires, mais, pas des crampes, ni des coups de pompe. Après le pique-nique, changement de programme, les aficionados de la bosse que sont Bernard, Bruno, Laurent, Jean-Luc et Christelle, sans oublier Claude, à qui rien ne résiste, iront vers les nuages tandis que les raisonnables se rendront à Ainhoa pour les attendre. Jacky, plutôt musard, n’a pas remarqué la séparation du groupe et se trouve, malgré lui, entraîné dans une expédition hasardeuse et périlleuse, comprenant soudain, pourquoi l’instigateur de cet ajout inopiné est resté sagement dans les roues et même près de Nicole qu’il a maternée une partie de la journée : ah, ce vieux rusé Renard !
Le Pas de Roland, tortueux et étroit, s’enfonce dans une profonde vallée sur la rive gauche de la Nive ; d’une grande beauté, il ressemble par endroits à la Restonica en Corse. Les costauds sont déjà loin, emmenés par un Gardin désinvolte et un Laurent facile. Jacky s’est arrêté pour admirer cette gorge encaissée et se délester de son sac à dos car il ne va pas être aisé de hisser 85 kg là-haut. L’objectif au nom barbare d’Artzamendi trône à 926 mètres d’altitude dans un superbe cirque de montagnes, 11 kilomètres nous en séparent pour un dénivelé de 874 mètres, soit une moyenne de 8 %, faisable sur le papier ce raidillon, n’est-ce-pas ?
Mais la Montagne de l’Ours réserve des surprises aux cyclistes désinformés et pas des moindres : la route, parfaitement revêtue et large de 2m50, s’élève rapidement sous le couvert végétal avec trois ou quatre portions très pentues mais aussi, ce qui est plus inquiétant avec des descentes, elles aussi abruptes. Le Bourguignon bougon, en arrière-garde, rejoint d’abord Christelle, non pas qu’il ait redoublé d’ardeur, mais seulement parce que la frêle Monoblétoise, manquant de puissance, a décidé de mettre fin à son supplice vers la mi-pente. Il continue dans la douleur, n’ayant pas les braquets adaptés, et, à hauteur du lieu-dit la Piarres en Borda, alors que le paysage est totalement dégagé, trouve Laurent, assis au soleil dans les pâquerettes, qui lui aussi a renoncé.
Nous qui pensions qu’il était le plus doué de l’écurie gangeoise ! Il y a encore Jean-Luc qui a tenté sans succès de se surpasser sur le mur qui se dresse devant lui. Nous sommes tous les trois à la cote 730 et à 2,5 km du sommet que l’on aperçoit très loin au-dessus de nous et jugeons absurde d’insister, au risque de se bousiller la carcasse. Nos compagnons sont en train d’en découdre sur cette pente infernale, frôlant, voire dépassant 21, 22 et 23 %. Les mauvaises langues et il y en a, même au sein du club, laisseraient entendre que dans le bosquet avant le col de Méhatché où à l’abri des regards inquisiteurs, les deux accros des cimes se seraient arrimés aux frêles épaules de Monsieur Orni pour gravir sans effort l’ultime palier !!!! Mais à la vue du rictus, proche de la convulsion, de nos compères, les honnêtes gens pensent que non, l’assistance technique étant restée neutre sur cette affaire, en raison de conflit d’intérêts ! Claude pour sa part, n’a que le souci de savoir combien lui a coûté en % cette rampe, aucun signe de fatigue ne marquant son visage jovial : il va finir par faire des adeptes.

En tout cas bravo à nos trois champions qui nous rejoignent dare-dare, nous redescendons ensemble jusqu’à un croisement et bifurquons à gauche
dans un hameau. Là encore, ça grimpe méchamment pendant 4 ou 5 km avec deux secteurs à 21 %, pourtant, Bernard avait affirmé : « après ça plonge ! ». La route dégringole effectivement une fois franchie la rude passe de Légaré (3 chevrons sur la carte Michelin). Nous entrons rapidement dans la cité du piment puis Ainhoa où la fête bat son plein, via le modeste col de Pinodiéta, une broutille. Nous y retrouvons nos amis pour reformer le peloton, jusqu’à Sare, envahie de voitures et de motos, car, aujourd’hui, le petit train des cimes déverse sans relâche sa cargaison de curieux sur le belvédère. Une autre ascension nous attend, facile, cette fois-ci, le collet de Saint-Ignace (169 m) avant l’entrée dans Ascain puis Saint-Jean-de-Luz, fourmillante de touristes et de badauds. Les plus pieux d’entre nous jettent un œil dans la belle église dédiée à Saint-Jean Baptiste, les impies gardant les bicyclettes.

Retour rapide par la Corniche Basque, à croire que les pentes du monstre de Laxia n’ont pas laissé de traces dans les jambes de notre bouillant cyclosportif : où puise-t-il tant de mordant, ce qui est clair, pas de la même manière que Samson ?

Les randonneurs ont inscrit La Rhune à leur programme et accueilli un transfuge du gruppetto, désireux d’en découdre sur les versants abrupts de cette montagne mythique du Pays Basque culminant à 905 mètres où ils semblent avoir pris leur pied malgré une musette bien garnie sur les épaules ! Le soir, autour de la table, Guy nous avouera qu’il est aussi ardu de marcher sur les traces de Jacques que de pédaler dans la roue de Bruno. Moral : demain, il enfourchera sa bécane car aucun col ne sera au menu, ce qui n’est jamais le cas des expéditions du Sieur Bresson, il est ainsi fait, il affectionne particulièrement les reliefs escarpés.

Les promeneuses sont parties en excursion avec le car d’Azuréva sous la conduite de Marine pour une visite commentée de Saint-Jean-de-Luz dont l’église Saint-Jean-Baptiste où se maria le Roi Soleil le 6 juin 1660 et quelques autres monuments. Pour clore la matinée, elles sont allées voir, mais pas toutes, la Maison Louis XIV où celui-ci vécut une longue nuit de noce avec Marie-Thérèse, infante d’Espagne. Le restaurant de tapas qui suivit la découverte de Lohobiague Enea déclencha chez nos fureteuses, une fièvre acheteuse carabinée ! Elles durent s’asseoir un long moment pour récupérer de leurs folles courses en attendant le bus local, qui les ramena épuisées au bercail.


Ce soir, la direction du centre nous offre un repas de fête : foie gras, confit de canard et omelette norvégienne puis un spectacle dans la salle de théâtre ou un pot au bar où officie une accorte et souriante lunelloise.


Vendredi 14 avril : le temps est assez maussade et presque froid lorsque nous sortons du parking derrière le camion de Bruno. Guy, mais aussi Jean, seront à nos côtés pour cette virée sans difficultés importantes de 1 900 mètres de dénivelé tout de même pour 130 km. Mais restons sur nos gardes, notre Rusé Président nous a peut-être réservé une surprise !
Nous allons nous garer à Cambo-les-Bains d’où nous décollons un peu avant 10 h 00 en direction d’Hasparren, puis de Garis et Saint-Palais. Le paysage est bucolique avec ses collines verdoyantes où broutent de nombreux troupeaux de moutons, de belles vaches, des chevaux de trait et des pottoks, équidés d’origine basque.

Malheureusement, la circulation est dense, enlevant beaucoup d’attrait à cette balade qui ne cesse de monter et de descendre. À 12 h 20, nous stoppons dans un village et nous nous installons pour manger derrière la mairie alors que le vent fraîchit sérieusement.
Pour parfaire notre digestion, nous avons un enchaînement de coups de cul plus ou moins pentus et le modeste col d’Osquich qui monte à 392 mètres après 5 kilomètres d’ascension de 3 à 7,5 %. Nous aurions pu rouler groupés mais Claude, à l’insu de son plein gré, à appuyer un peu plus fort sur ses pédales, creusant les écarts et déclenchant la débandade derrière lui, il devrait pourtant ménager sa monture car cet itinéraire où se succèdent côtes, descentes et portions en faux plats n’est pas à son avantage, du moins à celui des pourcentages qui chez lui ne sont pas liés à la pente, comme pour nous tous, mais à l’autonomie de sa batterie. Tant pis, nous nous retrouverons au sommet où les traînards arrivent péniblement, certains avec l’idée d’embarquer dans la voiture-balai. Guitou serait bien tenté mais il tient à seconder Nicole, cette dernière, imperturbable a décidé d’aller jusqu’au bout, il va donc continuer.
Jean de son côté, n’a pas cet héroïsme et jette l’éponge alors que nous approchons de Larceveau à environ 90 km du départ. Nous tournons à gauche sur la D933 conduisant à Saint-Jean-Pied-de-Port, bifurquons à droite vers Irissarry, Hélette puis sur une voie importante avec une activité intense, jusqu’à Cambo-les-Bains. Cette quarantaine de kilomètres aura été pénible en raison du relief type montagnes russes, du vent contraire, d’un temps menaçant et de la fraîcheur, mais aussi d’une moyenne relativement élevée. Sans doute l’un d’entre nous avait-il l’idée de piéger Claude, mais le bougre avait bien calculé son coup, clamant haut et fort que son cadran indiquait encore 20 % ! Les compteurs affichent 137 km et 2 150 mètres de dénivelé, sans jamais dépasser 400 mètres d’altitude, voilà qui est un peu différent des prévisions et qui explique que beaucoup d’entre nous soient fatigués, ce soir.
Après avoir consulté la météo de samedi, notre Sage Président pense qu’il serait judicieux de raccrocher les vélos, demain. Personne ne le contredit. Nous irons à la Foire de Bayonne ou ailleurs, selon les envies.

Nos quatre complices ont remis cela avec Marine et ont embarqué dans le minicar du centre à leurs places maintenant attitrées pour une tournée des villages basques de la Province du Labourd. Plus particulièrement Espelette avec ses belles maisons typiques, son église, son château et ses lavoirs. À l’Atelier du Piment, cette épice qui a fait la renommée du coin, elles ont fait leurs emplettes : jambon du pays, chocolat au piment et autres spécialités. Même au fin fond du désert, elles trouveraient toujours quelque chose à acheter !
Il y avait tellement de monde près de la gare de Sare, qu’elles n’ont pas pu embarquer sur le train à crémaillère du col Saint-Ignace.

Et les marcheurs : ils sont partis sur la pointe des pieds sans rien dire après avoir fait le plein au petit-déjeuner et emporté un reconstituant étiqueté. En cela, ils sont plus imaginatifs que les vélocipédistes qui n’ont jamais rempli leurs bidons avec ce doux breuvage, cher à Bacchus, mais seulement avec de l’eau, parfois additionnée de poudre de perlimpinpin !

Samedi 15 avril : la météo avait presque raison, le ciel est chargé de lourds nuages, un fort vent d’ouest souffle sur la côte et la température n’est pas très élevée mais il ne pleut pas ! Personne n’a remis en question le fait de ne pas pédaler, par contre, les marcheurs, plus courageux ont décidé de se dégourdir les jambes le long du littoral et de nous retrouver à Bayonne où certains se rendront à la Foire au Jambon pour y déguster ou acheter quelques tranches, d’autres partiront au gré du vent sur la Costa Vasca en quête de découvertes et d’une paella qu’ils ne trouveront pas, d’autres encore, paresseront à Galbarreta.
Le hasard faisant bien les choses, c’est une paella qui nous sera servie au dîner et une ou deux tournées d’« Étoile Verte » au bar pour clore cet agréable séjour.

Dimanche 16 avril : après un dernier petit-déjeuner, chacun s’organise pour le départ. Assez pressé de retrouver le soleil du Languedoc, le convoi s’ébranle vers 8 h 45 au lieu de 9 h 00, sans remarquer qu’il manque un véhicule à l’appel : alors mon Bruno, on oublie la lanterne rouge !

- Merci à notre Brillant Président pour cette organisation parfaite.
- Merci à Bruno et à Marie-France de s’être chargés du matériel.
- Merci à Jacques d’avoir ramené ses ouailles intactes, enfin presque !
- Merci à Gérard, Claude et Brigitte d’avoir assisté, dans la bonne humeur, les pédaleurs.
- Merci à Yolande d’avoir prêté sa vieille guimbarde aux ci-dessus nommés.
- Merci à Bernard de nous avoir prouvé que les lacets de la Luzette étaient de la rigolade.
- Merci à toutes et tous les autres pour leur bonne humeur.
- Merci enfin à la météo d’avoir été plus clémente que prévu.

Grand bravo à Nicole pour ses performances hors normes qui étonnent ses compagnons de route mais aussi les randonneurs croisés au hasard des montagnes. Félicitations aux vainqueurs de l’impossible (Bruno, Bernard et Claude) et consolations à celle et à ceux qui l’on tenté jusqu’aux limites du raisonnable (Christelle, Jacky, Laurent et Jean-Luc).

Mille excuses à ceux qui prendraient ombrage des remarques folâtres et parfois caustiques de ce compte rendu, l’écrivaillon n’a jamais voulu, ni se moquer, ni railler, tout juste taquiner en noircissant quelques pages ! Il pense principalement à Claude Orni de Valleraugue, favori de ses facéties, qu’il partagera un jour prochain avec son homologue Revel de la Buèges si la Maison de Cycles de la rue Jallatte à Saint-Hippolyte-du-Fort, lui livre son Objet Roulant Non Identifié * communément appelé Vae. (*Orni : ce bon mot, désormais protégé, appartient au dénommé Celse du Suc).

Et tant pis si ce texte est trop long pour entrer dans le site du club, le narrateur, emporté par son imagination, n’a pas trouvé de raccourci pour échapper aux consignes de modération de son Mesuré Président.

À l’année prochaine, pour d’autres aventures et découvertes, en Alsace, en Auvergne, en Bourgogne, en Corse, en Sardaigne, en Tasmanie ou ailleurs !


                                                                                    Bourguignon joyeux


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